Tinder surprise

Je me suis toujours classée dans la catégorie des gens qui ont un train de retard sur les nouvelles technologies.

J'ai d'ailleurs mis du temps avant de passer au téléphone "android", je m'y suis mise, à peu près comme tous les gens de ma génération.

Passée la découverte de l'appli "météo" ou bien "lampe torche", je me retrouve un soir à télécharger cette fameuse application dont tout le monde parle, on en a même fait un mot nouveau, après 3 clics et une mise à jour me voilà tindérisée.

Je me suis sentie tout d'abord ébahie par le nombre incalculable de célibataires se retrouvant à seulement quelques centaines de mètres de moi. J'ai éprouvé aussi un certain sentiment de "flicage", me retrouvant parfois dans une interminable attente à la caisse du supermarché rythmée au son des notifications faisant vibrer ma poche arrière de jean. Mon "match" pouvait être le mec derrière moi dans la file d'attente du supermarché ou bien encore le caissier ou le petit vendeur de fenêtres.  Je comprends vite le principe du like réciproque qui entraîne un "match".

Je zappe, je zappe beaucoup. Puis ça match !

 Rien de bien différent des autres sites de rencontre, si ce n'est la rapidité du passage à la rencontre réelle, le fast food des âmes esseulées.

Premier match : éducateur sportif, 28 ans, à la recherche de moments sympa mais pas contre rencontre sérieuse, selon feeling. On ne m'a pas vendu du rêve, juste une rencontre normale. Après tout, pourquoi pas ? voilà ce que je me suis dis précisemment à ce moment là. Quelques heures plus tard, mon "match" s'était transformé en rencard.

Je n'avais pas été trompée sur le packaging, le contenu allait me réserver quelques surprises...

Après ce qui m'avait semblé être une discussion n'ayant pas atteint des sommets, je n'ai pas eu d'autres choix que de me noyer dans ce regard qui en disait long sur le fait que l'attirance était réciproque. Je ne sais plus comment je me suis retrouvée nue dans ce lit, un sourire béat et un poilu autre que mon canidé sur mon oreiller. Sitôt soulagé sitôt rhabillé. Mon spécimen avait pris le soin de me prévenir ne pas être câlin de nature et puis il avait une compétition tôt le lendemain. Je ne savais pas encore que j'avais affaire à un spécialiste des matchs, pas seulement sportif.

S'en sont suivis des jours rythmés par des messages tantôt classique, tantôt plus hot, après tout on était déjà passé à l'étape suivante puis mon "match" avait l'art et la manière lors de nos entrevues de me plaquer contre les murs, il réveillait ma libido à coups de mots crus... je me plaisais à être "sa petite chienne", qu'il me le dise au creux de l'oreille tout en s'accrochant à ma tignasse de jeune fille dépravée, et qu'il me dise aussi qu'il ne me voyait plus vraiment comme un plan cul, je me demande encore quel plaisir il a pu ressentir à me dire ça... puisque c'était finalement loin d'être le cas... un arnacoeur, un escroc des sentiments, voilà ce que Tinder m'a livré sur un plateau. Je ne le savais pas encore...

Le sentiment d'inachevé, d'épaule sitôt rhabillée sur laquelle j'aurais aimé me blottir après nos ébats, avait disparu ce soir là.
Je savais qu'il allait arriver, qu'on allait enfin partager un vrai repas et une nuit ensemble. J'avais même pris plaisir à cuisiner pour "nous" ce soir là.

J'ai jamais rêvé d'être une héroïne de sitcom glauque, j'allais pourtant tenir le premier rôle à l'instant ou lorsque sitôt notre repas post coïtale avalé mon étalon s'est rhabillé. "Tu as froid ?" "Bein non je vais y aller" "Mais c'est pas ce qu'on avait prévu" "On avait rien prévu".

La porte a claqué, j'ai eu la nausée, en boule dans mes draps souillés, je me suis sentie sale et je me suis promis de ne plus jamais être la petite chienne d'un autre homme, quitte à ressortir mon martinet.

Bref, j'ai tinderisé.

Comments

[serge14]

Je comprends un peut la situation mais au moins toi, ça deviens physique. Pas moi, ça demeure du virtuel tout çà, peut-être par peur du rejet sais pas...

C'est bien de te lire, ça semble tout naturel...